Il est une tradition bien française, dont l’ancrage est hélas solide, et qui se caractérise par une méfiance chronique envers celles et ceux qui innovent et bousculent l’ordre établi, institutionnel comme économique.
Une telle défiance tend souvent à s’exprimer de manière indifférenciée, aussi bien à l’endroit de ceux qui choisissent de créer leurs propres entreprises que de ceux ayant pour ambition de dépasser les structures partisanes volontiers sclérosées de notre système politique.
Voilà donc un premier point commun entre Emmanuel Macron, Ministre de l’Économie et fondateur du mouvement transpartisan « En Marche » et les créateurs d’entreprises de l’Hexagone, qui prennent chaque jour les risques nécessaires afin de développer leurs sociétés, nonobstant la frilosité des pouvoirs publics et le manque flagrant de mécanismes réellement incitatifs pour encourager l’entrepreneuriat !
Macron entrepreneur ? La comparaison peut surprendre à propos de ce « pur » produit du système, passé par les grandes écoles du pouvoir que sont Sciences Po Paris et l’ENA et dont le CV n’est pas si différent, en apparence, de ces grands « commis » ou serviteurs de l’État qui déterminent invariablement la politique de la nation depuis maintenant des décennies.
Pourtant, c’est bien en véritable « entrepreneur » de la politique que l’ancien Inspecteur des finances se comporte depuis le lancement de sa nouvelle structure « sui generis », à mi chemin entre le think-tank et le mini-parti et, surtout, à mille lieues d’une caste politique institutionnalisée et recroquevillée sur son glorieux passé.
C’est également en entrepreneur que Macron remplit ses fonctions de ministre, comme en témoignent les nombreuses initiatives lancées depuis près de deux ans et participant d’une modernisation indispensable de notre vie politique et surtout d’un soutien, presque sans faille, aux acteurs clés de la vie économique que sont les entreprises, seules à pouvoir relancer durablement la croissance et créer des emplois !
Réforme du catastrophique RSI, fin des 35 heures, création de fonds de pension à la française, voilà donc autant de pistes modernes, réalistes et salutaires, qui alimentent sans surprise la méfiance d’autres membres de ce gouvernement « de combat » censé redresser l’économie française. Tant pis si la plupart d’entre eux n’ont jamais eu d’expériences dans le secteur privé…
Alors que le quinquennat est marqué par une politique de l’emploi atone, pour la première fois, ou presque, un Ministre en exercice, qui plus est à l’intérieur d’un gouvernement socialiste, fait clairement le pari de comprendre l’économie telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être en vertu de canons hérités de Jaurès, Blum ou des Trente Glorieuses, inapplicables et surtout inadaptés à notre modèle social actuel !
Souvenons-nous par exemple de cette véritable révolution copernicienne à laquelle s’était livré Emmanuel Macron lors de son passage au Supplément de Canal + en décembre 2015, en reconnaissant explicitement la place incontournable désormais prise par les nouvelles formes d’emploi au sein de notre marché du travail, conséquence logique de la révolution numérique qui « ubérise » des pans entiers de notre économie.
La séquence est, curieusement, passée presque inaperçue alors qu’elle est ô combien révélatrice de cette nouvelle manière de faire de la politique.
Il faut en effet un vrai courage politique pour reconnaître que l’économie à la demande, dominée par un consommateur ultra-connecté à la recherche d’une prestation de services personnalisée et instantanée, constituera l’essentiel du paradigme de demain.
Il faut aussi du courage politique pour défendre un véritable droit à l’initiative économique, à l’heure où plus de 25% des jeunes de 18 à 25 ans sont au chômage et où il devient impossible pour les moins qualifiés de décrocher ne serait-ce qu’un entretien d’embauche !
Emmanuel Macron, « entrepreneur de la politique », connaît et comprend ces nouveaux enjeux et avance les éléments d’une histoire cohérente sur les besoins futurs de notre société, des besoins qui pour une fois correspondent à l’aspiration du plus grand nombre !
Guillaume Cairou, Président du Club des Entrepreneurs.