L’anticipation : voilà une notion clé pour les créateurs et dirigeants d’entreprises dont nos gouvernants négligent trop souvent la portée, comme en témoignent les changements incessants de législation infligés au secteur privé.
Pourtant, à l’heure où « l’ubérisation » bouleverse des pans entiers de notre économie et rend progressivement caducs CDI et salariat, les initiatives d’Emmanuel Macron pour encourager la création d’entreprises individuelles vont dans le bon sens !
Les grandes lignes de la future loi « NOÉ », présentées aujourd’hui par le Ministre de l’Économie, traduisent ainsi une prise de conscience sérieuse : le développement spectaculaire de l’économie du partage nous oriente vers une société où chacun va bientôt devenir son propre parton. Les travailleurs eux-mêmes ont massivement intégrés cette réalité, le nombre d’entrepreneurs indépendants ayant augmenté de 85% en France en dix ans.
Les pistes annoncées en faveur de la micro-entreprise sont sérieuses. Il faudra absolument y ajouter un statut unique de l’entreprise individuelle et une simplification de toutes les formalités administratives, sans quoi ce texte finira par ressembler à ces nombreuses coquilles vides abusivement présentées comme des « tabula rasa » juridiques.
Après l’adoption difficile de la loi pour la croissance et l’activité en août, voici donc un nouvel exemple flagrant de la fracture entre une gauche de gouvernement responsable, au fait des réalités du monde de l’entreprise, qu’incarne le Ministre de l’économie, et une gauche pavlovienne, recroquevillée sur ses principes et paralysée à l’idée de déplaire à la CGT.
Force est de reconnaître qu’Emmanuel Macron, à l’inverse de la plupart de ses collègues, semble partager lui la même conviction que le Club des Entrepreneurs : ne pas anticiper les mutations déjà à l’œuvre dans notre économie, c’est se condamner à les subir, parfois douloureusement.