La patronne des patrons devrait demander une modification des statuts de l’organisation qui, pour l’heure, lui interdisent de se représenter.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a levé vendredi le secret de polichinelle en s’annonçant future candidate à sa propre succession, une initiative qui suscite de vives tensions au sein du mouvement patronal et reste conditionné à un changement de ses statuts. « J’ai l’audace d’espérer pouvoir soumettre ma candidature à un troisième mandat », a déclaré Laurence Parisot au journal Le Monde daté de samedi. « Je souhaiterais que l’évolution des statuts me le permette », a-t-elle ajouté, en soulignant « que (sa) démarche n’échappera à aucun moment au suffrage de nos électeurs, qu’elle est démocratique et vise même à un approfondissement de notre démocratie interne ».
Laurence Parisot formalise ainsi une candidature qui ne faisait guère de doute, mais suscite de vives tensions au sein de la plus grande organisation patronale de France. Car l’actuelle présidente du Medef, qui a jusqu’ici affirmé hésiter à se porter candidate au cas où de nouveaux textes l’y autoriseraient, ne sait pas si elle aura le droit de concourir à sa propre succession en raison des statuts du Medef qui lui interdisent pour l’heure de se représenter. Élue en 2005 pour un premier mandat de 5 ans, Mme Parisot avait été réélue en 2010 pour un second mandat de 3 ans.
Fin de mandat le 1er juillet
Pour contourner cet obstacle, Laurence Parisot a soumis en janvier au comité statutaire du mouvement la question d’un changement des statuts. Mais cette proposition, alors que son mandat s’achève le 1er juillet, lui a attiré de nombreuses critiques, autant sur sa volonté de se maintenir à la tête du patronat que sur le flou entretenu jusque-là autour de une éventuelle candidature. Le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) Pierre Gattaz, lui-même candidat à la succession de Laurence Parisot, a ainsi appelé jeudi à sortir de cette « situation de vaudeville » et à décider rapidement si Laurence Parisot pouvait se présenter à sa succession.
Également candidat, le patron parisien de PME Thibault Lanxade a réagi vendredi en qualifiant l’annonce de la candidature de Laurence Parisot d' »erreur au regard de la lettre comme de l’esprit » des statuts du mouvement patronal. « Nos entreprises attendent autre chose du Medef que le spectacle des intrigues et des jeux de pouvoir », a-t-il ajouté dans un communiqué. Et de souligner que Laurence Parisot a fait cette annonce « sans attendre » les recommandations du comité statutaire de l’organisation. Ce dernier n’a pas encore émis ses recommandations sur cette réforme des statuts du Medef, mais « le fera certainement dans les deux prochaines semaines », a déclaré Laurence Parisot au Monde.
Réponse le 18 mars
Pour pouvoir continuer à diriger le Medef, la patronne des patrons français doit par ailleurs en faire la demande officielle au conseil exécutif, qui doit proposer la ratification par une assemblée générale d’une modification des statuts. La prochaine réunion mensuelle du conseil exécutif, composé de 45 membres, aura lieu le 18 mars. Outre Thibault Lanxade et Pierre Gattaz, l’ancien médiateur de la sous-traitance, Jean-Claude Volot, et le président fondateur du groupe Omea (Virgin Mobile), Geoffroy Roux de Bézieux, se sont déjà déclarés candidats.
Quant au patron de la puissante Fédération patronale de la métallurgie (UIMM), Frédéric Saint-Geours, il dira s’il se lance après le 6 mars. En attendant, il a lui aussi critiqué la volonté de Laurence Parisot de se représenter. La démarche de Laurence Parisot a reçu vendredi le soutien de Guillaume Cairou, président du Club des entrepreneurs. « La campagne commence et une dynamique est aujourd’hui lancée. L’ensemble des 18 000 entrepreneurs que j’ai la chance de représenter sont en route pour la victoire derrière Laurence Parisot », a-t-il déclaré dans un communiqué. L’élection doit être organisée au début de l’été après une campagne de deux mois.