Trop c’est trop, maintenant ça suffit !
Oui, la doxa se trompe.
Non, le coût du travail n’a pas baissé.
Oui le coût du travail est trop important.
Le CICE l’a fait stagner.
En glissement annuel, l’ICT – salaires et charges est de… +0,0 %.
Des homélies sur la compétitivité ? Nous en avons entendu.
Des harangues-chocs sur le coût du travail ? Nous en avons lu.
Trop de boniments et de verbiages. Trop de vaines intentions. Trop peu d’actes.
Des résultats insignifiants.
Une réalité entrepreneuriale méconnue et niée.
Des efforts demandés aux entreprises ? Il y en a eu. D’intenses.
Des réductions de la dépense publique ? Toujours étudiées. Jamais réalisées.
La capacité de créer des emplois des entreprises s’est réduite. Nos gouvernants ont choisi de l’amoindrir encore.
Leur marge n’a jamais été aussi faible ? Nos gouvernants ont choisi de l’épuiser.
Comment comprendre que les entrepreneurs n’arrivent pas à se faire comprendre ?
La Commission Européenne dans un récent rapport le constate « les salaires ont augmenté rapidement et pesé sur les prix et la rentabilité des entreprises (…). Les rigidités du marché du travail français ont également contribué à l’évolution du coût du travail et ont pu limiter le potentiel d’adaptation de l’économie et les gains de productivité »
Est-ce si incompréhensible que cela ?
Est-ce indigne au point que cela conduise nos gouvernants à l’ignorer ?
Les salaires n’ont cessé d’augmenter.
Les charges sociales n’ont cessé de s’enflammer.
A coût unitaire, un travail identique est considérablement plus élevé en France qu’en Allemagne.
Le coût horaire d’un salarié français est bien plus élevé en France qu’en Allemagne.
Le coût horaire d’un salarié français est bien plus élevé d’ailleurs que la moyenne de tous les États comparables (17 pays de la zone euro).
Les salariés comme les entreprises souffrent de charges sociales frénétiques qui ne correspondent plus à aucune réalité.
Elles entravent en revanche gravement notre course dans la compétition mondiale.
Depuis 15 ans l’Allemagne baisse le poids de ses cotisations sociales.
Depuis 15 ans, la France ne cesse de les alourdir.
Les entrepreneurs sont pressurisés
Singularité française. Affligeante singularité. Funeste réalité.
Tout est mis en oeuvre pour que les entreprises n’embauchent plus, ne grandissent plus, ne réussissent plus et ne peuvent plus investir sous peine de voir leur budget s’envoler !
« La reprise s’installe un peu partout dans la zone euro, mais pas encore en France » titrait un quotidien national.
En tant qu’entrepreneur, cela m’interpelle naturellement.
Comment ne pas s’enquérir de cette situation ?
Si tous les acteurs de mon marché se portaient bien, que j’étais l’exception qui se portait mal, je serais évidemment conduit à adapter mon offre, mon équipe, à investir davantage et à réduire mes dépenses de fonctionnement.
« Logique ! » me diriez-vous. Visiblement pas pour nos Gouvernants qui procèdent à l’application de l’exact inverse !
Mais pourquoi alors ce gouvernement ne procède-t-il pas aux réformes structurelles nécessaires ?
A Mini-mesure Maxi annonce.
A Mini choc, Maxi dépression.
Affligeante politique
Quelqu’un peut-il encore croire, comme cela avait été annoncé que le CICE allait créer d’ici à 2017, 30 0000 emplois alors que tous les observateurs aguerris à l’image de Thomas Piketty constataient l’illisibilité de cette couche de complexité extraordinaire ajoutée à un système déjà très complexe.
De plus, qui a pu sérieusement envisager l’efficacité d’un système où les sociétés en difficultés ne peuvent pas en bénéficier tellement le taux est pour elles onéreux alors que ce dispositif était initialement annoncé comme devant précisément s’adresser à elles ?
Ubuesque.
Les entrepreneurs ont d’ailleurs vite mesuré l’ampleur du problème. 81% d’entre eux déclaraient ainsi que le CICE n’a aucun impact sur leur activité dans un sondage réalisé par TNS.
Oui le CICE a ouvert le dossier du coût du travail… mais uniquement dans la presse !
Il n’a été qu’un leurre médiatique pour mieux le refermer immédiatement ensuite.
Prenons la production agricole: 4 à 6 euros par heure en Allemagne quand il est de 12,50 euros par heure en France.
Les charges supportées par les employeurs ont progressé de 58% en France entre 1996 et la mi-2012, contre 25% en Allemagne au cours de la même période.
Les charges patronales ont augmenté deux fois plus fortement en France qu’en Allemagne sur la même période.
Il faut baisser les charges des entreprises françaises.
Elles meurent à petit feu.
Un exemple ? Quand un patron français donne 100 euros à un salarié français, il paie 41 euros de charges. Quand un patron allemand donne 100 euros à un salarié allemand il paie 23 euros…
Voilà la réalité du marché international du travail. Même en acceptant de la méconnaitre, va-t-on longtemps encore pouvoir l’ignorer ?
La mépriser ne se fera-t-il pas nécessairement au détriment de la performance nationale ?
La France n’est pas une île isolée du reste du monde
Les entrepreneurs doivent participer à une compétition internationale mais ne jouent clairement pas à armes égales avec les pays voisins.
Cela conduirait-il nos gouvernants à agir pour baisser dans leurs actes le coût du travail ? Et bien non ?
Les prélèvements obligatoires vont bien augmenter…
Ainsi en va-t-il de la hausse du taux de TVA pour financer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) pour les entreprises
Ainsi en va-t-il encore de la hausse des cotisations vieillesse acquittées par les salariés et les employeurs pour combler le déficit des retraites.
Prenons le médiatique classement mondial de la compétitivité et de l’innovation publié, mercredi 4 septembre par le Forum économique mondial de Davos.
Il montre que la fiscalité est défavorable à l’investissement privé, classant la France en 137e position sur ce point.
Il pointe le fardeau de la réglementation, qui les conduit à placer la France au 130e rang sur ce critère.
Il révèle enfin que les «charges sociales» (127e rang), découragent l’embauche.
Bref, il exhibe une réalité insupportable.
Cette situation est aggravée par la hausse des cotisations d’assurance vieillesse qui viendra renchérir le coût du travail, détruisant ainsi des emplois et nuisant au pouvoir d’achat.
Multiplier les messages bienveillants en faveur des entreprises et de leurs dirigeants c’est bien mais l’action c’est mieux.
Il faut un élan entrepreneurial, une vision, un cap pour que des perspectives sereines soient enfin possibles.
La France mérite un véritable dessein entrepreneurial,
Attelons-nous à lui donner !
Par Guillaume Cairou