Lequel des deux est fait pour vous ?
Le travail indépendant est en plein essor et prend de nouvelles formes, plus adaptées aux aspirations personnelles et au monde que dessine la transition numérique. Dix ans après sa création, le succès du régime auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur) ne se dément pas. Il présente des avantages certains mais se voit désormais concurrencé par de nouvelles formes d’emploi, et plus particulièrement par le portage salarial.
Auto-entrepreneur, le charme de la simplicité
L’auto-entrepreneur est une personne physique qui créé une entreprise individuelle en bénéficiant du régime micro-social et micro-fiscal simplifié. Accessible à tous, ce régime permet à certains de créer leur propre emploi et d’exercer une activité commerciale, artisanale ou libérale à titre principal, et à d’autres de compléter leurs revenus en développant une activité secondaire.
“L’auto-entrepreneuriat, au-delà de formalités de création d’entreprise allégées, offre un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt”
L’auto-entrepreneuriat, au-delà de formalités de création d’entreprise allégées, offre un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt. Compte tenu de la simplicité de ce régime pour créer, gérer ou interrompre une activité, il a rapidement connu un franc succès auprès des travailleurs indépendants et porteurs de projets individuels.
Quelques dates clés
En 2008, le régime de l’auto-entrepreneur est créé par la loi de modernisation de l’économie, à la suite d’un rapport écrit par François Hurel et commandé par Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé des entreprises et du commerce extérieur.
En 2011, la loi de finances exonère les auto-entrepreneurs de cotisation foncière des entreprises pendant trois ans.
En 2012, la loi de financement de la sécurité sociale relève les taux de cotisations et contributions sociales des auto-entrepreneurs afin de les aligner sur ceux des autres travailleurs indépendants.
En 2014, le seuil d’1 million d’auto-entrepreneurs est franchi. La loi relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises réforme l’auto-entreprise, en fusionnant les régimes du micro-social et du micro-fiscal.
En 2016, la loi relative à la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique prévoit de nouvelles mesures concernant les micro-entrepreneurs, telles que la tenue d’un compte bancaire spécifique.
En 2018, la loi de finances relève les plafonds d’application du régime micro-entrepreneur à 170 000 € pour les activités d’achats et reventes et 70 000 € pour les activités de prestations ou de services.
En 2019, la loi PACTE met fin au stage obligatoire de préparation à l’installation.Quelques chiffres clés
1 360 000 : le nombre de micro-entrepreneurs recensés fin 2018 ;
461 000 : le nombre d’immatriculation au dispositif micro-entreprise en 2018 ;
12,4 milliards d’€ : le chiffre d’affaires global des micro-entrepreneurs en 2018 ;
42 % : la part des micro-entrepreneurs dans les non-salariés ;
11 300 € : le chiffre d’affaires moyen des micro-entrepreneurs en 2018.
Sources : Acoss
Avantages et limites du statut d’auto-entrepreneur
En matière d’autonomie. Lorsque vous êtes auto-entrepreneur, vous êtes autonome et donc libre de choisir vos horaires, votre lieu de travail et surtout vos clients. Cela signifie aussi que vous devez assumer la responsabilité de l’ensemble des tâches administratives, comptables et commerciales liées à la gestion de votre activité. Cette autonomie totale peut s’avérer contraignante voire inadaptée à certains profils.
En matière de statut. En tant qu’auto-entrepreneur, vous êtes un entrepreneur individuel et non un salarié. Ce statut permet en quelques minutes, après avoir rempli la déclaration d’auto-entrepreneur, de lancer votre activité. Si vous décidez par la suite de vous développer, en achetant un local ou en recrutant du personnel par exemple, ce régime fiscal risque de ne plus être intéressant, vous aurez alors besoin de changer le statut de votre entreprise et exercer en entreprise individuelle (EI, EIRL) ou en société (SASU, SAS, EURL, SARL). Aussi, vous pouvez être confronté à certaines réticences d’un bailleur ou d’une banque dans le cadre d’une recherche de logement ou pour effectuer un emprunt.
« Les auto-entrepreneurs ont souvent des difficultés à se faire référencer auprès de clients grands comptes ou même auprès d’ETI »
En matière de chiffre d’affaires. Des seuils de chiffre d’affaires permettent d’assurer que l’activité d’auto-entrepreneur bénéficie des avantages de ce régime. Cependant, une fois franchis, vous aurez l’obligation de changer de statut pour accompagner le développement de votre activité et donc de supporter des contraintes administratives plus complexes.
“vous pouvez être confronté à certaines réticences d’un bailleur ou d’une banque dans le cadre d’une recherche de logement ou pour effectuer un emprunt”
En matière d’image. En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez développer votre propre notoriété et vous bâtir une image de marque. Il n’en reste pas moins que les auto-entrepreneurs ont souvent des difficultés à se faire référencer auprès de clients grands comptes ou même auprès d’ETI.
Portage salarial, salarié mais indépendant
Le portage salarial est une forme d’emploi apparue en France dans les années 80. À mi-chemin entre le salariat et l’activité indépendante, le portage salarial consiste en une relation contractuelle tripartite impliquant un salarié porté lié par un contrat de travail à une entreprise de portage salarial et effectuant une prestation pour le compte d’un client. Ouvert à un large panel de métiers, en particulier ceux du conseil, du management de transition, de l’informatique, de l’ingénierie, de la formation, du bien-être ou du bâtiment, ce secteur est, depuis les années 2000, en pleine croissance. Répondant pleinement aux besoins d’autonomie et de sécurité, le portage salarial permet de développer une activité professionnelle indépendante tout en conservant la couverture sociale d’un salarié classique.
Quelques dates clés
En 2008, la loi portant modernisation du marché du travail introduit le portage salarial dans le Code du travail.
En 2015, une ordonnance vient renforcer l’encadrement du portage salarial, en particulier pour le délai d’une prestation en portage salarial ainsi que pour le montant de la rémunération minimale d’un salarié porté.
En 2017, le portage salarial se dote d’une convention collective, devenant ainsi une branche professionnelle à part entière. Étendue à toutes les entreprises de portage salarial, cette convention collective vient notamment encadrer les relations entre le salarié porté et l’entreprise de portage salarial.
En 2018, des travaux de normalisation AFNOR sont lancés à l’initiative de la Fédération des entreprises de portage salarial (FEPS) afin d’établir les bonnes pratiques professionnelles du secteur.Quelques chiffres clés
1,3 milliard d’euros : le chiffre d’affaires du secteur d’activité ;
86 000 : le nombre de salariés portés en France ;
15 % : le taux de croissance annuel moyen du portage salarial depuis 2004
86 000 : le nombre de salariés portés en France ;
750 : le nombre de métiers qu’il est possible d’exercer en portage salarial.
Source : FEPS
Quels sont les avantages d’être salarié porté ?
En matière de protection sociale. En tant que salarié porté, vous disposez de la protection sociale d’un salarié classique. Vous êtes donc affilié au régime général de la Sécurité sociale et bénéficiez d’une mutuelle obligatoire d’entreprise.
En matière de chômage. Le salarié porté, tout en étant autonome dans la gestion de son activité, perçoit des indemnités chômage à l’issue de son contrat de son contrat de travail avec la société de portage salarial. Par ailleurs, le portage salarial permet au salarié porté de bénéficier du versement d’allocations de retour à l’emploi (ARE).
En matière de gestion administrative. Un des nombreux avantages du portage salarial réside dans le fait, pour le salarié porté, de se consacrer entièrement à la bonne exécution de sa prestation et au développement de son business. L’ensemble de la gestion administrative de son activité est pris en charge par l’entreprise de portage salarial. C’est cette dernière qui va assurer l’envoi des bons de commande, adresser les factures, réceptionner les règlements, assurer les relances ou mettre en place les procédures de recouvrement. Vous bénéficiez ainsi d’un gain de temps non négligeable et d’une sécurité certaine dans le bon fonctionnement de votre activité.
« Si vous êtes un entrepreneur solitaire et débrouillard, que vous ne souhaitez pas bénéficier du régime général de protection sociale et que vous ne craignez pas de dépasser les plafonds de chiffre d’affaires, vous pouvez opter pour l’auto-entrepreneuriat »
En matière d’assurance et de risques. En tant que salarié porté, vous bénéficiez de la responsabilité professionnelle de votre entreprise de portage salarial. Par ailleurs, en cas de défaillance de celle-ci, la garantie financière à laquelle elle a l’obligation de souscrire vient garantir le paiement du salarié porté et le versement des cotisations sociales. Un filet de sécurité complémentaire.
En matière de chiffre d’affaires et de rémunération. Un salarié porté n’est pas limité dans son chiffre d’affaires. Il peut donc développer continuellement son activité. En tant que salarié porté, il disposera d’une rémunération sous forme de bulletin de salaire, utile pour louer un logement ou faire une demande de crédit immobilier.
Si vous êtes un entrepreneur solitaire et débrouillard, que vous ne souhaitez pas bénéficier du régime général de protection sociale et que vous ne craignez pas de dépasser les plafonds de chiffre d’affaires, vous pouvez opter pour l’auto-entrepreneuriat.
En matière de frais professionnels. Un salarié porté peut gérer librement ses frais, soit en les faisant prendre en charge par le client auprès duquel il effectue sa prestation, soit en les déduisant de son compte d’activité. Ce fonctionnement est un avantage considérable pour les salariés portés et leur permet de réaliser des économies importantes.
Quel statut est fait pour vous ?
Si vous êtes un entrepreneur solitaire et débrouillard, que vous ne souhaitez pas bénéficier du régime général de protection sociale et que vous ne craignez pas de dépasser les plafonds de chiffre d’affaires, vous pouvez opter pour l’auto-entrepreneuriat.
Mais si vous souhaitez vous lancer en toute sécurité en tant qu’indépendant, en vous concentrant uniquement sur votre activité et en cotisant pour la retraite et le chômage des salariés, alors n’hésitez plus, le portage salarial est fait pour vous.
« Si vous souhaitez vous lancer en toute sécurité en tant qu’indépendant, en vous concentrant uniquement sur votre activité et en cotisant pour la retraite et le chômage des salariés, alors n’hésitez plus, le portage salarial est fait pour vous »
Notons toutefois, que vous n’êtes pas toujours obligés de choisir. En effet, l’auto-entrepreneuriat peut être complémentaire du portage salarial ; il vous permet alors de bénéficier des avantages de chaque statut, en fonction de vos besoins.
Si vous souhaitez vous lancer en toute sécurité en tant qu’indépendant, en vous concentrant uniquement sur votre activité et en cotisant pour la retraite et le chômage des salariés, alors n’hésitez plus, le portage salarial est fait pour vous.
Article publié sur Figaro Vox.