Laurence Parisot annonce vendredi dans Le Monde sa candidature à un troisième mandat à la tête du Medef, une décision sans précédent qui nécessiterait une modification des statuts de l’organisation patronale française.
Présidente du Medef depuis 2005, réélue en 2010, elle justifie dans le quotidien daté du 2 mars son intention de réviser les statuts pour se maintenir à son poste.
« Ma motivation est liée à la situation de notre pays, à son avenir, et au rôle potentiellement décisif des entrepreneurs », explique-t-elle.
Les statuts actuels du Mouvement des entreprises de France limitent à deux le nombre de mandats consécutifs du « patron des patrons ». Le mandat de Laurence Parisot s’achève fin juin.
« J’ai l’audace d’espérer pouvoir être candidate », déclare-t-elle.
Sur Europe 1, celle que ses adversaires accusent de fomenter un putsch, a souligné que seuls les électeurs du Medef étaient juges. « Une évolution du statut, ça ne leur appartient qu’à eux ».
« Si le conseil exécutif préconise une évolution des statuts et que de surcroît cette évolution de statut me permettait de briguer un troisième mandat, oui, je serais heureuse de le faire. Mais, vous voyez, il y a beaucoup de ‘si’ avant qu’une telle éventualité puisse se réaliser », a-t-elle nuancé.
« TAM-TAM »
Dans Le Monde, elle se défend de tout passage en force.
« Ma démarche n’échappera à aucun moment au suffrage de nos électeurs », elle est « démocratique et vise même à un approfondissement de notre démocratie interne », assure-t-elle.
« Le tam-tam selon lequel je serais une putschiste, ou classable dans la même catégorie que M. Poutine, procède d’une intention destructrice que je ne peux pas laisser se développer plus longtemps », dit Laurence Parisot.
Saisi en janvier de la demande de la présidente sortante, le comité statutaire du Medef devrait rendre son avis « dans les deux prochaines semaines ».
Quatre autres candidats se sont déjà fait connaître: Geoffroy Roux de Bézieux, Pierre Gattaz, Jean-Claude Volot et Thibault Lanxade.
Ce dernier dénonce dans un communiqué « une erreur » de Laurence Parisot « au regard de la lettre comme de l’esprit de nos statuts ». « Il n’est pas sain de vouloir changer les statuts d’une organisation à la veille d’une élection », déclare-t-il.
« Nos entreprises attendent autre chose du Medef que le spectacle des intrigues et des jeux de pouvoir », dit-il.
A contrario, le président du Club des Entrepreneurs, Guillaume Cairou, s’est réjoui de la candidature de Laurence Parisot, « candidate à la vision moderne et à l’ambition unique ».
« Laurence Parisot est la candidate de l’intérêt supérieur du front entrepreneurial contre les ambitions personnelles », dit-il dans un communiqué.
Sophie Louet, édité par Gilles Trequesser