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Le travail indépendant doit être au centre de la loi Pacte

Le travail indépendant doit être au centre de la loi Pacte

La consultation publique lancée par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, suite aux propositions remises fin décembre par des tandems de chefs d’entreprise et de parlementaires au sujet son Plan d’action pour la croissance et l’économie (PACTE), vient de prendre fin. Il appartient désormais au Gouvernement de permettre à la future loi sur l’Economie de concrétiser son objectif : transformer l’économie française.

 

Dessiner la France de demain est une tâche ambitieuse. Mais pour que l’essai soit transformé, l’exécutif ne doit pas se contenter de faire varier quelques curseurs traditionnels. Je pense notamment à la fiscalité, aux seuils sociaux ou à la simplification administrative. Il doit partir à la conquête de nouveaux champs d’actions. Je pense notamment à la nécessité de diffuser enfin la culture entrepreneuriale à l’école, pour que cesse cette vision de l’entreprise comme lieu où se disputent des rapports de force inégaux entre un patronat opprimant et un prolétariat opprimé. Il ne faut pas seulement donner aux français le goût d’entreprendre ; il convient de leur donner, dès le plus jeune âge, les clés pour entreprendre en toute indépendance, comme c’est déjà le cas en Suède.

Ouvrons pleinement les yeux. Bouleversé par les ruptures technologiques, le monde du travail est en pleine mutation. L’âge du tout-salariat n’est certes pas révolu – pas encore – mais une chose est sûre : la période actuelle est profondément marquée par l’extraordinaire montée en puissance du travail indépendant, qui concerne près de 13 millions de personnes en France (étude McKinsey 2016) . Les auteurs de la prochaine loi Pacte doivent tenir compte de ce phénomène pour que la transformation des entreprises françaises soit totale.

Dans un monde devenu ultra-concurrentiel en raison de la globalisation des échanges, les entreprises doivent optimiser au maximum la gestion de leurs ressources humaines : faire des paris en matière de recrutement n’est que très rarement permis. Seules des mastodontes aux ressources financières quasi illimitées comme Amazon, Google ou Facebook peuvent embaucher des personnes dont le profil diverge totalement avec leur activité principale, afin d’explorer de nouveaux horizons à plus ou moyen terme. Dans ces entreprises, le retour sur investissement d’une embauche n’a pas besoin d’être immédiat. C’est ce qui fait leur force et conditionne leur survie. En mettant le nez à la fenêtre, ils espèrent trouver la prochaine idée qui leur permettre de conserver leur position archi-dominante.

Mais pour le commun des entreprises, cette prise de risque est impossible. C’est la raison pour laquelle elles doivent compter sur les travailleurs indépendants pour se développer, prospérer, voire survivre. C’est grâce à leurs compétences, qui ne sont pas disponibles dans leurs murs, que ces entreprises peuvent trouver la force de se renouveler et d’innover. A titre d’exemple, les compétences des codeurs ou des consultants sont désormais cruciales pour une petite comme une grosse entreprise. Dans un secteur en tension, ces petits génies du numérique ou du conseil préfèrent accepter des missions leur permettant de travailler chez eux, loin des contraintes de l’entreprise, pour profiter pleinement de la liberté que procure le travail indépendant.

Dans ce contexte, si le gouvernement souhaite réellement transformer les entreprises françaises, et in fine l’économie nationale, il doit mettre en place les conditions permettant au travail indépendant de ne plus être considéré comme de la simple sous-traitance mais de se développer facilement et rapidement, en particulier dans les métiers en tension.

  • Il faut éliminer le risque de requalification des contrats, tout en luttant contre les abus du salariat déguisé. Trop d’entreprises craignent aujourd’hui que la relation qui les lie aux indépendants soit requalifiée en contrat de travail.
  • Il faut repenser la protection sociale afin de permettre aux indépendants de bénéficier d’un socle de droits communs, auxquels s’ajouteraient des niveaux de protection complémentaires liés au degré d’autonomie.
  • Il faut fluidifier les passerelles entre salariat et entreprenariat. Le portage salarial permet, par exemple, à des salariés ou des demandeurs d’emploi de bénéficier d’un accompagnement à la création de leur propre activité tout en gardant la protection sociale du salariat. Osons utiliser les dispositifs qui fonctionnent !
  • Il faut, dans le cadre d’un secrétariat d’Etat à l’initiative individuelle, créer un Small Business Act (SBA) permettant qu’une part de la commande publique soit réservée aux indépendants. A cela, doit s’ajouter un « hub » public de l’entrepreneuriat, facilitant le déploiement interministériel des réformes liées à l’entrepreneuriat et au travail indépendant.

 

De telles démarches, structurées, doivent répondre à toutes les questions mais surtout susciter les envies. Laissons les Français s’exprimer sans que leur vie en soit bouleversée ! Il faut que les citoyens aient le choix ! Qu’ils puissent prendre en main leur parcours professionnel, au gré de leurs formations, de leurs envies et de leurs passions. Qu’ils puissent changer de métier, d’employeur, de cadre de vie en un clin d’œil sans que ces différences de trajectoire ne mettent tout en péril !

Quel meilleur moyen que d’allier travail et épanouissement personnel et professionnel ?

Gageons que l’exécutif, par cette loi PACTE, prenne la mesure des révolutions en cours, pour permettre à l’économie française d’être le moteur de l’Europe et faire de notre pays la nation des indépendants.

Guillaume Cairou, président du groupe Didaxis-Hiworkers, auteur de « Tous indépendants : réinventons le travail » au Cherche Midi (2017)

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