La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne brime avant tout le principal moteur de l’économie : la confiance.
Personne ne semble réellement connaître les conséquences concrètes du Brexit ni ce qu’il se passera dans les prochains mois, et c’est précisément ce que le monde économique déplore. On le sait, les marchés financiers comme les entrepreneurs craignent par-dessus tout l’incertitude. Le doute plombe les investissements. C’est pourquoi la majorité des chefs d’entreprises s’était clairement prononcée contre la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE. Cependant, force est de constater que cet engagement, et parfois ces alertes, du milieu économique britannique en faveur du « in » ne semblent pas avoir convaincu les 52% d’électeurs qui ont donné la victoire au « out ». S’il est trop tôt pour discerner les premières conséquences du référendum, ce repli sur soi a clairement pour effet de plonger l’économie européenne et mondiale dans le doute. Rétablir des barrières, qu’elles soient fiscales, juridiques ou physiques, complique toujours le business, encore plus dans une économie ouverte et mondiale.
Le sabordage de la 1ère place européenne de la finance et de la Tech, à savoir Londres, est avant tout préjudiciable pour le Royaume-Uni lui-même. Les startups et entreprises basées en Grande-Bretagne s’inquiètent déjà de ne plus avoir accès au colossal marché européen. Et il y a de quoi, car si l’on en croit un sondage EY, 72% des investisseurs citent l’accès au marché unique européen comme important pour l’attractivité du royaume.
On peut être tenté en France de considérer le Brexit comme une opportunité. Les entreprises nouvellement exclues de l’UE devront à l’évidence revoir leurs prévisions et ajuster leurs stratégies, notamment en ce qui concerne leurs activités à l’international. Les premiers travaux pour restructurer l’Union autour de la France et de l’Allemagne ne sont pas encore entrepris que déjà on songe aux bénéfices que les deux pays pourraient tirer en faisant refluer une partie de l’activité économique londonienne sur Paris et Berlin. Toutefois, ce dont ont avant tout besoin les décideurs économiques c’est d’une visibilité à terme et d’une clarté politique.
Les responsables politiques doivent stabiliser l’environnement des entrepreneurs. Les turbulences créées par le Brexit pourraient porter un sérieux préjudice à l’entrepreneuriat français, en développement mais encore fragile. L’économie européenne nécessite donc que le couple franco-allemand se coordonne rapidement autour d’une vision économique et politique de l’Union qui soit durable, fédératrice, solide et pro-business. Ce n’est qu’en constatant une ligne politique claire et commune que les entrepreneurs français et européens seront rassurés et convaincus de pouvoir compter sur un climat serein, fiable, favorable à l’innovation, à l’investissement et par conséquent à la croissance et à l’emploi. Transformer le Brexit en opportunité pour l’entrepreneuriat dépend donc de la volonté politique des principaux exécutifs européens.
Il appartient également aux pouvoirs institutionnels nationaux et européens de construire une Europe qui prenne plus en compte les entreprises, par exemple en facilitant la circulation de la main d’œuvre, des produits et des capitaux, mais aussi en simplifiant la vie des chefs d’entreprise. Le président du Club des Entrepreneurs, Guillaume Cairou, a souligné ce lundi sur LCI la nécessité de combattre la bureaucratie française mais aussi européenne pour donner plus de marge de manœuvre aux startups qui dopent l’économie. C’est probablement l’une des clés pour rendre l’Europe plus attrayante aux yeux des entrepreneurs et des citoyens. A charge à ceux qui dirigent l’UE de proposer une construction intelligente de l’Europe et de communiquer positivement sur l’Union pour redonner aux peuples l’envie de faire partie de cette communauté politique qui est aussi économique.