Ministre du travail, voilà bien un portefeuille miné, peu envié, dont le titulaire se contente souvent de commenter passivement l’augmentation sans fin du taux de chômage. L’actuelle ministre, Myriam El Khomri, nommée par surprise début septembre, doit faire l’amère expérience de cette quasi malédiction, au moment où elle rend à Manuel Valls ses propositions pour la reforme du droit du travail.
En dépit d’un retard d’une semaine, elle peut se féliciter d’au moins une chose : avoir réussi, en remettant aujourd’hui sa copie, à cocher une des nombreuses cases figurant sur la feuille de route chargée qu’elle a reçue lors de sa nomination surprise. Il est toutefois regrettable qu’elle l’ait fait de manière peu convaincante, en donnant l’impression de se soucier d’avantage de la fameuse synthèse hollandaise que de l’avenir de nos entreprises et du quotidien de nos entrepreneurs.
Rien de vraiment neuf en effet dans ce catalogue de réformettes déjà promises à l’oubli, qu’il s’agisse de la simple restructuration des branches ou de la réorganisation de pure forme de l’architecture du code, très abusivement présentée comme une « réécriture ». Celle-ci devra d’ailleurs attendre encore 2 ans, à l’issue de la mission présidée par Robert Badinter, ancien ministre de 87 ans, figure unanimement respectée mais dénuée d’expériences en entreprise.
Pire, la remise en cause des « sacro-saints » CDI et SMIC, ainsi que les changements de législation tant attendus sur les licenciements et sur la durée légale du travail sont une nouvelle fois reportés aux calendes grecques, faute de courage politique, d’une prise de conscience sérieuse du déficit de compétitivité de notre économie et de l’inadaptation de notre droit à l’entreprise.
Nous sommes encore bien loin de la nécessaire révolution du code du travail, même s’il faut saluer quelques pistes plus sérieuses, notamment l’autonomie et la place supplémentaires dont devraient enfin pouvoir bénéficier, à terme, les accords d’entreprises.
Comment le gouvernement peut-il prendre un tel sujet, devenu un véritable frein à la croissance, à la légère alors que l’urgence est évidente ?
Il faudra bien plus que ces simples réformes cosmétiques pour donner de l’air frais à nos entrepreneurs qui ont cruellement besoin de sentir soutenus et encouragés par le biais de mesures concrètes et préconisées depuis plusieurs années par le Club des Entrepreneurs, que ce soient la simplification des procédures administratives lors du passage de seuils, la baisse des cotisations patronales ou une réforme ambitieuse de la justice prud’homale.